Combien de promeneurs ne pestent-ils pas contre les clôtures qui les empêchent de fréquenter des zones librement accessibles jadis ? Ou les marchands contre les conditions d’abattage et d’évacuation du bois qu’ils ont pourtant acheté ? C’est qu’il faut écarter toute perturbation de sites jugés importants. Et le type de protection varie selon les cas.
Les réserves forestières
Les réserves intégrales sont adaptées aux zones peu fréquentées (Gripensdelle entre le chemin de fer et la chaussée de La Hulpe ; réserve Zwaenepoel au cœur de la partie flamande de la forêt). Le seul acte de gestion qui y est pratiqué est l’abattage des arbres menaçant la sécurité des chemins, qui restent ouverts, mais aux risques des promeneurs.
Dans la réserve forestière Joseph Zwaenepoel en 2007
La seule réserve dirigée de Soignes a été créée pour protéger un site unique dans cette forêt : la chênaie à jacinthe dominant Rouge-Cloître doit cette richesse végétale à la fumure déposée pendant des siècles par les bestiaux de l’ancien prieuré.
Les réserves naturelles
Elles n’existent que dans la partie bruxelloise de Soignes car elles sont adaptées aux sites d’intérêt biologique très fréquentés par le public : Enfants noyés, Vuylbeek, Pinnebeek (Boitsfort), Rouge-Cloître et Trois-Fontaines (Auderghem). La gestion y est centrée sur leur protection, ce qui explique la nécessité de les clôturer dans les parties trop facilement accessibles depuis les chemins et d’obtenir grâce à des panneaux explicatifs détaillés la compréhension du public pour cette limitation à sa liberté de circulation.
Les réserves archéologiques
Il n’y en a que 2, le long du chemin des Deux Montagnes à Boitsfort. Celle de Boitsfort-étangs vise à protéger du piétinement du public et du déracinement éventuel d’arbres par le vent les vestiges de fortifications néolithiques (3e millénaire) que traverse ce chemin.
Un peu plus loin, celle des Tumuli doit préserver deux tertres qui pourraient avoir été des sépultures antiques. Dans les deux cas, abattus avec d’infinies précautions, les vieux hêtres feront place à une végétation plus basse et plus couvrante.
Des touristes réservés
La création de ces réserves est l’expression la plus visible de la nécessité de réguler l’inévitable ouverture au public de cette forêt périurbaine pour la concilier avec la protection de ses sites les plus remarquables.
Piétons, cyclistes, cavaliers… se gênent parfois quand ils se croisent, d’où la multiplication des chemins réservés à une seule de ces « espèces » : autres contraintes visant cette fois à protéger ce qu’on pourrait appeler — avec un clin d’œil… — la « biodiversité » des promeneurs !